Le petit Journal du Vieux quartier
Saint-Christoly de Bordeaux n°1
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SAINT-CHRISTOLY, LE PLUS VIEUX QUARTIER DE
BORDEAUX
Passants, touristes, amis, vous êtes ici au
cœur de Bordeaux, là où la ville est née.
Le nom de Saint-Christoly célèbre le plus vieux des
quartiers de Bordeaux. Ce n’est pas par hasard que les premiers habitants de
Bordeaux se sont retrouvés et installés ici. Saint-Christoly, c’est la confluence
de
Bordeaux
n'est pas un présent que la Garonne a fait à la France. C'est la rencontre de
la Devèze et du Peugue à
Saint-Christoly qui
l'a donné au patrimoine de l'humanité. Saint-Christoly
: le premier port de Bordeaux.
Le rôle prépondérant de la navigation fluviale, l'importance commerciale de
l'axe garonnais, la présence d'un affluent
de la Garonne dans une anse abritée du
fleuve sont autant de raisons
qui plaidaient en faveur de ce
choix. L'importance primordiale de ce modeste affluent de
Saint-Christoly est
ainsi l'aboutissement moderne de l’inspiration admirable des chefs d’une tribu
celtique qui ont choisi de s’installer au IIIème siècle avant J-C, sur les
bords de
C’est à partir de Saint-Christoly que s’est créée la
ville de 25.000 habitants, devenue capitale politique de la province Aquitaine
puis au IVème siècle de l’Aquitaine Seconde et du Diocèse d’Aquitaine. Pendant sept siècles, des milliers de personnes ont
vécu dans le quartier populeux qui
était situé de part et d'autre de la Devèze.
La ville ouverte
du Haut-Empire
De l'avis des archéologues et des historiens, Saint-Christoly, par sa superficie, sa situation au centre de la ville ouverte du Haut-Empire puis du castrum, par la proportion qu'il
représente dans cette ville fortifiée
du Bas-Empire (environ 1/30e), constitue un
"échantillon" sans précédent de la vie de Burdigala au cours des premiers siècles. C'est en effet
tout le tissu urbain du centre historique que l'on voit se
mettre en place en moins de 500
ans, à travers les vestiges architecturaux et les remblais superposés que la
fouille a permis de retrouver. C’est de Saint-Christoly qu’est née cette
« Petite Rome » qui a copié la capitale latine pour essaimer autour
du noyau fondateur les beaux monuments de la ville. Pourquoi Saint-Christoly
?
Saint-Christoly est
un point de rencontre. A cette époque, le tracé des rues
correspondait à celui des aqueducs et des égouts qui recouvraient les artères. Saint-Christoly
est au croisement de la branche d'aqueduc qui
descendait par la Rue du Temple et de la voie allant du mont judaïque à la
Garonne en passant par la rue des trois Conils. Les rues suivaient les
lignes de crête à l'abri des ruisseaux. Sans Saint-Christoly il n’y
aurait eu ni les Piliers de tutelle, ni le Palais Gallien.
Sans doute
est-ce là que se trouvait le monument le plus célèbre du Bordeaux antique, la fontaine Divona, si l'on en croit les indications d'Ausone.
C’est à Saint-Christoly que se trouvaient,
sans doute, bien que les historiens s’accordent à dire que les monuments soient
difficiles à situer, sans doute le temple d'Esculape, selon Camille Julian, ou
un temple de Mercure selon les fouilles les plus récentes. En 1982, ont été
retrouvées les traces d'une inscription
votive au dieu Mercure culte du dieu du commerce, de l'éloquence et des
voyageurs et messagers qui peut être la base d'une statue où d'un autel portant
une dédicace à Mercure dont la
mutilation n'a affecté que la première ligne du texte et
la dernière :
. ---] ino Anician/ni
filius Mer/curio Augusto/votum solvit libens [merito]
…ino fils d'Aniciannus à Mercure Auguste; il
s'est acquitté de son plein gré et à juste titre(entre le Ier et le IIIème
siècle).
Dans ce
quartier, c'est dans la deuxième partie du règne d'Auguste, à partir du début de notre ère et même vers
10-20 — déjà sous Tibère — que commencent les premiers aménagements sérieux :
un habitat remarquable d'emblée, avec des sols d'opus signinum d'une qualité
très soignée à décors de fleurons de tesselles noires, comportant au moins un tapis central de mosaïque. Le tout
très comparable à ce que l'on rencontre à la même époque dans les maisons d'Ostie,
le port de Rome. D'Italie
viennent les céramiques de luxe, et sans doute bien d'autres denrées et
marchandises que devaient accueillir d'autres bâtiments de plus grande ampleur, aux murs épais fondés sur pieux, sans doute des
entrepôts. (DEBORD P. et GAUTHIER P. – Bordeaux Saint-Christoly
Sauvetage Archéologique et Histoire Urbaine p. 67).
Dans le courant du Ier siècle, la zone d'habitat privé
s'étend au détriment du secteur utilitaire. L'aménagement de l'espace
se fait plus rationnel avec en
particulier la construction d'un grand égout collecteur qui se déverse dans la Devèze, tandis que la vocation artisanale du quartier s'affirme par l'installation d'un complexe de bassins tout proche du ruisseau, ce dernier
fournissant l'eau nécessaire aux activités industrielles.
Depuis le II° siècle, il existe une construction de grande
ampleur dans la partie septentrionale du quartier Saint-Christoly. Un
marché, construit au-dessus de l'égout, sous une vaste terrasse surplombant
la Devèze, qui nécessite un apport massif de remblai. Simultanément, au
sud de la Devèze, un autre ensemble a été édifié où s'entremêlent entrepôts et
habitats. L'habitat qui perdure au moins jusqu'au VIe siècle, avec de multiples
réaménagements de détail, devient très dense et vient illustrer une période
assez faste pour la ville.
De cette histoire, Saint-Christoly garde les
témoignages dans son sol, en partie exhumés à la suite de diverses campagnes de
fouilles en 1877, en 1939 et 1940, 1974
puis en 1982 et 1984. Et toute l’histoire de ces hommes qui ont fondé Bordeaux
reste ici sur la Place Saint-Christoly. En 1939 et 1940, des excavations ouvertes à
l'occasion de la construction des imprimeries Delmas, place Saint-Christoly et dans ses abords, avaient à nouveau mis
en évidence la richesse du sous-sol :
des murs antiques, des
fragments de colonnes, des chapiteaux furent dégagés, en même temps qu'était recueilli un abondant mobilier du
Haut-Empire.
Dès 1877 des travaux urbains
avaient attiré l'attention sur la richesse archéologique de ce quartier de Bordeaux. A l'est de la place, au n° 17 de la rue Père-Louis-de-Jabrun, une mosaïque gallo-romaine à décor géométrique polychrome avait été mise
au jour et put être déposée.
Elle se trouve aujourd'hui au Musée d'Aquitaine.
A Saint-Christoly ont vécus les premiers vignerons de Bordeaux.
Datant du début du Ier siècle, on
a retrouvé deux rangs de vigne, sur la rive gauche de la Devèze, apportant la preuve indubitable, au cœur même de la cité, que les bordelais savaient déjà cultiver la vigne, et donc produire leur vin. Sans doute pas avec cette treille, mais dans les vignobles de la périphérie immédiate de la ville, parallèlement aux importations de vins
italiques ou espagnols.
Une importante quantité
de tessons de céramique à décors
géométriques a été découverte sur le site de Saint-Christoly.
Saint-Christoly, cœur de la ville derrière ses murailles
au IIIème siècle.
Au IIIème siècle, la ville martyrisée par l’envahisseur
germanique, s’est enfermée derrière une muraille "solide et maussade"
(Robert Etienne). Le quartier
Saint-Christoly est désormais au cœur de la ville, qui abrite quelque 15000
habitants, cernée par une muraille de 700 m de long et 400 m de large. Après
avoir été le centre de la ville ouverte du Haut-Empire l'îlot Saint-Christoly est dans la ville
fortifiée du Bas-Empire . En effet, le decumanus
(jadis axe principal correspondant à Intendance-Chapeau- Rouge) est rejeté en
dehors de remparts et l'axe de la rue Porte-Dijeaux dorme avec la voie secondaire de la Rue du Temple (le cardo) devient un passage
incontournable, faisant de Saint-Christoly, l'un des principaux carrefours
urbains du "castrum". Après la construction du rempart de la ville, le
Peugue est dévié de son
cours initial (Peugue 1) pour alimenter les douves des murailles du côté sud (Peugue 2. en tirets).
A suivre …
Et
tout cela n'est qu'un résumé. Nous aimerions tant vous en dire plus, vous donner
des références plus précises. Mais cette évocation sommaire vous donnera
surement envie d'en savoir plus sur le Vieux
quartier Saint-Christoly de Bordeaux
Et
pour en savoir plus :
JULLIAN [C.). Inscriptions romaines
de Bordeaux. - Bordeaux, 1887.
JULLIAN (C.). Histoire de Bordeaux,
depuis les origines jusqu'en 1895.
-
HISTOIRE DE
BORDEAUX, publiée sous la direction de Ch. Higounet. -
ÉTIENNE (R.).
Bordeaux antique. Tome I.Bordeaux, 1962-1974,
MAGNEN (R.). - Le vieux quartier Saint-Christoly.
- Bordeaux, Delmas ; 1963.
Saint-Christoly est au cœur de notre histoire.
C’est là que la ville de Bordeaux a été fondée.
L’antique quartier Saint-Christoly
est le plus vieux quartier de Bordeaux.
Il doit conserver son nom.
SIGNEZ LA PETITION : ENSEMBLE SAUVONS LA PLACE SAINT-CHRISTOLY.
www.placesaintchristoly.fr