Le petit Journal du Vieux quartier Saint-Christoly de Bordeaux n°1

 

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SAINT-CHRISTOLY, LE PLUS VIEUX QUARTIER DE BORDEAUX

 

Passants, touristes, amis, vous êtes ici au cœur de Bordeaux, là où la ville est née.

Le nom de Saint-Christoly célèbre le plus vieux des quartiers de Bordeaux. Ce n’est pas par hasard que les premiers habitants de Bordeaux se sont retrouvés et installés ici. Saint-Christoly, c’est la confluence de la Devèze et du Peugue. Ces deux affluents de la Garonne qui ont abrité le premier port de la ville avant de s’étendre jusqu’au fleuve.


 

Bordeaux n'est pas un présent que la Garonne a fait à la France. C'est la rencontre de la Devèze et du Peugue à

 

Saint-Christoly qui l'a donné au patrimoine de l'humanité. Saint-Christoly : le premier port de Bordeaux.

Le rôle prépondérant de la navigation fluviale, l'importance commerciale de l'axe garonnais, la présence d'un affluent de la Garonne dans une anse abritée du fleuve sont autant de raisons qui plaidaient en faveur de ce choix. L'importance primordiale de ce modeste affluent de la Garonne pour l'établissement de Burdigala., a été perçue par Camille Jullian, qui écrivait, en 1895 : "... entre les collines débou­che l'estuaire ou "l'estey" de la Devèze, la Divicia ou Diuona des Gaulois, le "ruisseau divin" en langue celtique ; large, profond, accessible au flux et au reflux, il formait en face du grand port sur le fleuve, un petit port bien abrité et c'est là, je crois, sur les deux rives du ruisseau oublié et invisible, que se trouve le berceau de notre cité."

 

Saint-Christoly est ainsi l'aboutissement moderne de l’inspiration admirable des chefs d’une tribu celtique qui ont choisi de s’installer au IIIème siècle avant J-C, sur les bords de la Devèze, et de fonder ici le premier établissement humain de la ville. Et il n'y a rien de fortuit à cela. Car l’implantation du Bordeaux antique, Burdigala, n’est pas le fruit du hasard, mais le produit de l’intelligence des premiers bordelais. La ville elle-même est née à la croisée de deux grands chemins : celui qui unit les plaines du Nord à l’Espagne, et l’isthme gaulois, le chemin le plus court de l’Atlantique à la Méditerranée.

 

C’est à partir de Saint-Christoly que s’est créée la ville de 25.000 habitants, devenue capitale politique de la province Aquitaine puis au IVème siècle de l’Aquitaine Seconde et du Diocèse d’Aquitaine. Pendant sept siècles, des milliers de personnes ont vécu dans le quartier populeux qui était situé de part et d'autre de la Devèze.

 

La ville ouverte du Haut-Empire

 

De l'avis des archéologues et des historiens, Saint-Christoly, par sa superficie, sa situation au centre de la ville ouverte du Haut-Empire puis du castrum, par la proportion qu'il représente dans cette ville fortifiée du Bas-Empire (environ 1/30e), constitue un "échantillon" sans précédent de la vie de Burdigala au cours des premiers siècles. C'est en effet tout le tissu urbain du centre historique que l'on voit se mettre en place en moins de 500 ans, à travers les vestiges architecturaux et les remblais superposés que la fouille a permis de retrouver. C’est de Saint-Christoly qu’est née cette « Petite Rome » qui a copié la capitale latine pour essaimer autour du noyau fondateur les beaux monuments de la ville. Pourquoi Saint-Christoly ?

 

Saint-Christoly est un point de rencontre. A cette époque, le tracé des rues correspondait à celui des aqueducs et des égouts qui recouvraient les artères. Saint-Christoly est au croisement de la branche d'aqueduc qui descendait par la Rue du Temple et de la voie allant du mont judaïque à la Garonne en passant par la rue des trois Conils. Les rues suivaient les lignes de crête à l'abri des ruisseaux. Sans Saint-Christoly il n’y aurait eu ni les Piliers de tutelle, ni le Palais Gallien.

Sans doute est-ce là que se trouvait le monument le plus célèbre du Bordeaux antique, la fontaine Divona, si l'on en croit les indications d'Ausone.

 

C’est à Saint-Christoly que se trouvaient, sans doute, bien que les historiens s’accordent à dire que les monuments soient difficiles à situer, sans doute le temple d'Esculape, selon Camille Julian, ou un temple de Mercure selon les fouilles les plus récentes. En 1982, ont été retrouvées les traces d'une inscription votive au dieu Mercure culte du dieu du commerce, de l'éloquence et des voyageurs et messagers qui peut être la base d'une statue où d'un autel portant une dédicace à Mercure dont la  

mutilation n'a affecté que la première ligne du texte et la dernière :

 . ---] ino Anician/ni filius Mer/curio Augusto/votum solvit libens [merito]

…ino fils d'Aniciannus à Mercure Auguste; il s'est acquitté de son plein gré et à juste titre(entre le Ier et le IIIème siècle).

Dans ce quartier, c'est dans la deuxième partie du règne d'Auguste, à partir du début de notre ère et même vers 10-20 — déjà sous Tibère — que commencent les premiers aménagements sérieux : un habitat remarquable d'emblée, avec des sols d'opus signinum d'une qualité très soignée à décors de fleurons de tesselles noires, comportant au moins un tapis central de mosaïque. Le tout très comparable à ce que l'on rencontre à la même époque dans les maisons d'Os­tie, le port de Rome. D'Italie viennent les céramiques de luxe, et sans doute bien d'autres denrées et marchandises que devaient accueillir d'au­tres bâtiments de plus grande ampleur, aux murs épais fondés sur pieux, sans doute des entrepôts. (DEBORD P. et GAUTHIER P. – Bordeaux Saint-Christoly Sauvetage Archéologique et Histoire Urbaine p. 67).

 

Dans le courant du Ier siècle, la zone d'habitat privé s'étend au détriment du secteur utilitaire. L'aménagement de l'espace se fait plus rationnel avec en particulier la construction d'un grand égout collecteur qui se déverse dans la Devèze, tandis que la vocation artisanale du quartier s'affirme par l'installation d'un complexe de bassins tout proche du ruisseau, ce dernier fournis­sant l'eau nécessaire aux activités industrielles.

 

Depuis le II° siècle, il existe une construction de grande ampleur dans la partie septentrionale du quartier Saint-Christoly. Un marché, construit au-dessus de l'égout, sous une vaste terrasse surplombant la Devèze, qui nécessite un apport massif de remblai. Simultanément, au sud de la Devèze, un autre ensemble a été édifié où s'entremêlent entrepôts et habitats. L'habitat qui perdure au moins jusqu'au VIe siècle, avec de multiples réaménagements de détail, devient très dense et vient illustrer une période assez faste pour la ville.

 

De cette histoire, Saint-Christoly garde les témoignages dans son sol, en partie exhumés à la suite de diverses campagnes de fouilles en 1877, en 1939 et 1940, 1974 puis en 1982 et 1984. Et toute l’histoire de ces hommes qui ont fondé Bordeaux reste ici sur la Place Saint-Christoly. En 1939 et 1940, des excavations ouvertes à l'occasion de la construction des imprimeries Delmas, place Saint-Christoly et dans ses abords, avaient à nouveau mis en évidence la richesse du sous-sol : des murs antiques, des fragments de colonnes, des chapiteaux furent dégagés, en même temps qu'était recueilli un abondant mobilier du Haut-Empire.

 

 

Dès 1877 des travaux urbains avaient attiré l'attention sur la richesse archéologique de ce quartier de Bordeaux. A l'est de la place, au n° 17 de la rue Père-Louis-de-Jabrun, une mosaïque gallo-romaine à décor géométrique polychrome avait été mise au jour et put être déposée. Elle se trouve aujourd'hui au Musée d'Aquitaine.

 

A Saint-Christoly ont vécus les premiers vignerons de Bordeaux. Datant du début du Ier siècle, on a retrouvé deux rangs de vigne, sur la rive gauche de la Devèze, apportant la preuve indubitable, au cœur même de la cité, que les bordelais savaient déjà cultiver la vigne, et donc produire leur vin. Sans doute pas avec cette treille, mais dans les vignobles de la périphérie immédiate de la ville, parallèlement aux importations de vins italiques ou espagnols.

Une importante quantité de tessons de céramique à décors géométriques a été découverte sur le site de Saint-Christoly. 

 

 

Saint-Christoly, cœur de la ville derrière ses murailles au IIIème siècle.

 

Au IIIème siècle, la ville martyrisée par l’envahisseur germanique, s’est enfermée derrière une muraille "solide et maussade" (Robert Etienne). Le quartier Saint-Christoly est désormais au cœur de la ville, qui abrite quelque 15000 habitants, cernée par une muraille de 700 m de long et 400 m de large. Après avoir été le centre de la ville ouverte du Haut-Empire  l'îlot Saint-Christoly est dans la ville fortifiée du Bas-Empire . En effet, le decumanus (jadis axe principal correspondant à Intendance-Chapeau- Rouge) est rejeté en dehors de remparts et l'axe de la rue Porte-Dijeaux dorme avec  la voie secondaire de la Rue du Temple (le cardo) devient un passage incontournable, faisant de Saint-Christoly, l'un des principaux carrefours urbains du "castrum". Après la construction du rempart de la ville, le Peu­gue est dévié de son cours initial (Peugue 1) pour alimenter les douves des murailles du côté sud (Peugue 2. en tirets).

 

 

A suivre …

 

 

 

Et tout cela n'est qu'un résumé. Nous aimerions tant vous en dire plus, vous donner des références plus précises. Mais cette évocation sommaire vous donnera surement envie d'en savoir plus sur le Vieux quartier Saint-Christoly de Bordeaux

 

Et pour en savoir plus :

DEBORD P. et GAUTHIER P. – Bordeaux Saint-Christoly Sauvetage Archéologique et Histoire Urbaine – Bordeaux Direction des Antiquités Historiques d'Aquitaine 1982

JULLIAN [C.). Inscriptions romaines de Bordeaux. - Bordeaux, 1887.

JULLIAN (C.). Histoire de Bordeaux, depuis les origines jusqu'en 1895. -

HISTOIRE DE BORDEAUX, publiée sous la direction de Ch. Higounet. -

ÉTIENNE (R.). Bordeaux antique. Tome I.Bordeaux, 1962-1974,

MAGNEN (R.). - Le vieux quartier Saint-Christoly. - Bordeaux, Delmas ; 1963.

 

 

Saint-Christoly est au cœur de notre histoire.

C’est là que la ville de Bordeaux a été fondée.

L’antique quartier Saint-Christoly est le plus vieux quartier de Bordeaux.

Il doit conserver son nom.

SIGNEZ LA PETITION : ENSEMBLE SAUVONS LA PLACE SAINT-CHRISTOLY.

 

www.placesaintchristoly.fr