La discothèque (très) subjective 3
1860-
1911
2011 – L'Année Mahler
1860-1875 |
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« Mon temps
viendra » disait Mahler face aux difficultés
qu’il rencontrait pour faire accepter ses œuvres. Gustav Mahler est né à Kališt (Kalischt, en allemand, actuellement République tchèque), le 7
juillet 1860, le deuxième des quatorze
enfants de Bernhard Mahler et de Marie Herman, au sein de la minorité
germanophone d'une petite ville de Bohème. Sept de ses frères et sœurs
mourront en bas âge. Pendant sa première année, ses parents s’établirent en
Moravie à Jihlava, (Iglau en allemand), petite ville tchèque où on parle l'allemand
et où son père tient une auberge. Là, il en grandi, entre les musiques du
cabaret de son père, les chants des Bohémiens, les fanfares militaires qui
scandent la quiétude du village, déjà "trois
fois apatrides : Bohémien parmi les Autrichiens, Autrichien parmi les
Allemands, Juif dan le monde entier", ainsi qu'il le dira plus tard. Elève au lycée d'Iglau, il était déjà un musicien aguerri.
"Dès l'âge de quatre ans j'ai
toujours fait et composé de la musique avant de pouvoir jouer la gamme",
dira-t-il lorsqu'il aura trente six ans.
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1881-1888 |
En septembre 1875 il fut admis au
conservatoire de Vienne. Il rencontre Hugo Wolf et suit les conférences
données par Anton Bruckner à l’université de Vienne. Après une
sonate et un quintette pour piano et cordes, en 1878, il écrit le livret
d'une œuvre novatrice, s'inspirant d'un conte de Grimm : Das Klagende Lied à la fois cantate, oratorio ou suite
lyrique, achevée en 1880, qu’il
présenta au concours "Beethoven", en tant qu’opéra. A vingt ans, l’échec de
cette tentative le persuada de se tourner vers la direction d’orchestre.
Après un premier
engagement à Bad Hall, il obtint des postes dans les opéras de Ljubljana en
1881, Olmütz, en 1882, Kassel en 1884, où il tombe amoureux de la soprono
Johanna Richter pour laquelle il co:mpose les Lieder eines Fahrenden Gesellen. Dès l'année suivante, en 1885, il est engagé à l' Opéra d'État de Prague, puis en 1886,
à l'opéra de Leipzig comme assistant d'Arthur Nikisch. Là, il rencontre le petit fils du compositeur Carl Maria von
Weber, qui le persuade d'achever
l'orchestration de la partition inachevée de son grand père : Die drei Pintos, créé en janvier 1888.
Chez lui, à Leipzig, il trouve le recueil poétique de Des Knaben Wunderhorn,
recueil de chants de l'âme allemande, qui ne cessera de le hanter. |
1883 1884 1888 |
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1889 |
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Pendant les vacances d’été, à Steinbach-am-Attersee, dans la première de ses célèbres Komponierthäuschen ( cabane à
composer), il a a chevé sa première symphonie, au surnom de Titan en référence au poète
romantique Jean Paul Richter – qu'elle conservera malgré les modifications
et le vœu du compositeur – ainsi que les premiers des obsédants lieder aus « Des Knaben Wunderhorn », où Mahler se
réapproprie le chant de l'imaginaire ancestral allemand – enfants sacrifiés,
soldats maudits, songes de mort et apparitions frissonantes - dont on verra les résurgences dans la
deuxième et la quatriéme symphonies. Nommé à l'Opéra royal de Budapest en 1888, il y crée sa Première
Symphonie le 20 novembre 1889 (puis dans sa version définitive, en quatre
mouvements, à Berlin, le 16 mars
1896). Il devient ensuite premier chef
à l’opéra de Hambourg en 1891, il y restera jusqu'en 1897 et sera l'artisant
de la métamorphose de la maison, qui a fait l'admiration de Hans von Bülow. |
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1894 |
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Durant l'été 1893, Mahler avait commencé sa deuxième symphonie,
où pour la première fois il allait utiliser la voie humaine. Le premier mouvement
était à vrai dire conçu depuis longtemps. C'était la marche funèble pourle
héros mort de la première symphonie : Todtenfeier. Cette épilogue, qui allait
devenir le prologue de la deuxième, Mahler l'a joué au piano devant Hans von Bûlow. Pour la suite, le Wunderhorn serait toujours bien présent, ohne Wort avec ou avec les vers de Urlicht. Mais la symphonie reste inachevée et sans nom. Mais,
depuis 1892, il est fortement marqué par le Te Deum de Bruckner et il lui
manque le cheur final. En février 1894, Hans von Bülow, malade, meurt, au
Caire. Quelques semaines plus tard, lors de ses obséques à Hambourg, dans la
Michaeliskirche, Mahler entend le cheur, dominant l'orgue de l'église,
entonner un choral de Klopstock : Résurrection !"Je fus comme frappé de la foudre et tout devint clair et précis
dans mon âme !". Dès l'été
1894, dans la cabane sur l'Attersee, sur les vers de Klopstock repris et
complétés par Mahler, le denier mouvement trouvait sa forme, le choeur son
incantation et la symphonie recevait un nom : Résurrection. Elle aurait pu aussi s'appeler Bülow. A l'automne 1894, à l'Opéra de Hambourg, Mahler s'adjoint un jeune musicien comme chef de cheurs et chef d'orchestre
assistant : Bruno Walter. Mais c'est Vienne qu'il espère et attend… |
1897
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En 1897, Mahler, avec
l'aide de Brahms et du critique Hanslick, devient directeur artistique de
l'opéra de Vienne. Il y débute avec Lohengrin, très exactement le 11 mai
1897. Il
peut enfin – et il est le premier -
faire jouer entièrement les opéras de Mozart et Wagner, alors
interprétés avec des coupures, et qu'il s'était refusé à diriger à Olmütz, pour ne pas "participer
en tant que chef d'orchestre au sabotage d'œuvres telles que Lohengrin ou Don
Giovanni". Pourtant, la Mahlersfassung
n'était pas exempte de coupures : ainsi, il arrêtait toujours la direction de
Don Giovanni à la mort du séducteur, refusant de diriger le sextuor de la
scène finale, qui ne figure pas dans la partition éditée à Vienne en 1788. Il passa les dix années suivantes à Vienne et y acquit une
réputation de "perfectionniste", nom que donnent toujours les
médiocres et les approximatifs à ceux qui veulent faire correctement leur
travail. Pendant cette période, pendant laquelle il alternait la direction
pour neuf mois de l’année et la composition le reste du temps -
principalement à Maiernigg, où il avait une petite
maison sur le Wörthersee - il composa
ses symphonies de la troisième à la huitième. Il connaît une première saison est triomphale et il devient
directeur de l'Orchestre Philharmonique de Vienne après la démission de
Richter. |
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1901-1907 |
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En 1901, Mahler fait connaissance de Alma Maria
Schindler (1879-1964) , alors âgée de vingt trois ans, fille du peintre Emil
Schindler, cultivée et ravissante. Il épousa Alma Schindler en 1902 et en eut deux
filles, Maria en 1902 qui décède d'une scarlatine à
quatre ans et demi et Anna en 1904,
naitront de cette union. Pendant l'été 1905, Mahler termine sa Symphonie n° 6 et ses Kindertotenlieder (Chants pour les enfants morts).
Il réalise un triomphe avec la représentation des opéras de Mozart pour le
150ème anniversaire de sa
naissance.
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1908-1911 |
En 1907, sa fille aînée Maria meurt, emportée
par la scarlatine. La même année, il se découvrit une maladie de cœur et il
perdit son emploi à Vienne, en proie aux attaques d’une presse largement
antisémite, après avoir sans trop de succès essayé de défendre ses propres
œuvres. Profondément affecté par la perte de sa fille Maria, il apprend qu'il
est lui-même atteint d'une maladie cardiaque. En 1907, ses talents de compositeur commencent à être reconnus mais
il donne sa démission de l'opéra de Vienne usé par le travail, les cabales
antisémites montées contre lui et l'inconstance du public viennois. Mahler
signe alors un contrat avec le Metropolitan Opera de New-York et il quitte l'Europe. Retenu à New York trois mois par an, aux côtés de Toscanini, il
a la chance de travailler avec des chanteurs prestigieux tels que Caruso. Le
public new-yorkais lui fait un accueil chaleureux. Il y dirigea une saison en
1908 mais fut écarté au profit d’Arturo Toscanini. Il revint à New York
l’année suivante pour y diriger l'Orchestre philharmonique de New York. Il ne revient en Autriche qu'en été pour la composition de ses
dernières œuvres, désormais dans la cabane de Tolblach
: Das
Lied von der Erde (le
Chant de la terre, 1909) – en
six parties pour mezzo-soprano, ténor et orchestre, la Neuvième Symphonie,
1910). |
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1911 |
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La création de sa Huitième symphonie - dédiée à sa femme
en pleine "crise" conjugale ( il a appris
sa liaison avec Walter Gropius) - sera l'un des rares triomphes de sa
carrière de compositeur. Les plus grands artistes et écrivains de l'époque
(et parmi lesquels Stefan Zweig, Thomas Mann ou le compositeur Anton Webern)
y assisteront, le 12 septembre 1910 à Munich. Il ne pourra terminer la Dixième symphonie. C’est durant
sa dernière visite aux États-Unis qu’il tomba gravement malade et demanda à
retourner à Vienne, Il regagne péniblement Vienne et décède, exténué, le 18
mai 1911. De cette période datent l’achèvement de Das Lied von der Erde et
de sa dernière œuvre achevée, la neuvième symphonie. où il mourut le 18 mai
1911, Le dernier mot qu'il prononça, un doigt levé dirigeant un
orchestre invisible, fut : "Mozart !". Mahler meurt le 18 mai 1911
à 51 ans. Comme prise de remords, Vienne lui fait des funérailles
impressionnantes. Il fut enterré non loin de la capitale autrichienne, au
cimetière de Grinzing.Sur sa tombe juste son nom : "ceux qui viendront
me voir sauront qui je suis, les autres n'ont pas besoin de le savoir". |
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